Né en Lorraine, j’ai été attiré par la mer avant même de l’avoir vue et c’est sur les berges de la Moselle que j’ai commencé à rêver de bateaux (les péniches) et d’horizons lointains (la berge d’en face). Je ne pensais pas lui consacrer toute ma carrière mais tout est parti d’une opportunité qui s’est présentée au moment où je devais trouver un stage pour ma dernière année à l’Ecole des Ingénieurs des Travaux Ruraux et des Techniques Sanitaires de Strasbourg (l’ENITRTS, aujourd’hui ENGEES « Ecole Nationale du Génie de l’Eau et de l’Environnement ») en vue de l’obtention du diplôme d’Ingénieur « TR ». Sans hésitation, j’ai posé ma candidature au CNEXO de Brest, là où 3 « TR » avaient déjà ouvert la voie d’entrée au « COB » : Christian Danioux, Jean-François Virmaux et Lionel Loubersac. Retenu comme boursier de formation, je suis partis à la conquête de l’Ouest en 2cv en octobre 1974.
La technologie aquacole étant en plein développement à cette époque, j’ai été affecté pour un an au service de Christian Danioux du département Technologie et Développement Industriel (TDI) dirigé par François Dreyer. Le sujet de stage qui m’a été confié a porté sur l’automatisation de la distribution des aliments aux poissons d’élevages sur cages flottantes en milieu ouvert. L’essentiel de mon travail a consisté à concevoir et construire des prototypes de distributeurs fonctionnant selon divers modes, gravitaire, mécanique, hydraulique ou pneumatique. Les essais préliminaires se déroulaient dans le hall des caissons hyperbars car il fallait de l’espace pour visualiser les différentes trajectoires et surfaces de diffusion des granulés. Claude Siméan, Serge Pennec et Picot se souviennent très certainement encore des envolées et projections aléatoires, des déflagrations et bouffées de poussières surprises, sans parler des bonnes odeurs dégagées sur le coup des 11h30 … Les validations avaient lieu en conditions réelles sur un train de cages expérimentales mouillées devant le môle de Ste Anne. A heures programmées (grâce à l’horlogerie fabriquée par Picot toujours sifflottant et trompettant), je me rendais sur place en bout de digue ou en vedette pour assister aux distributions et les évaluer en fonction des conditions de mer.
Dans le prolongement de cette première activité, une bourse de spécialisation m’a été accordée pour une durée de 18 mois d’octobre 1975 à décembre 1978 dans le même service et département alors dirigé par Michel Gauthier. Ma nouvelle mission a consisté à travailler sur la station du Carpont sur le Jaudy (Tréguier-22) à la marinisation d’une unité automatisée d’élevage de poissons en circuit fermé, le « Stählermatic », de conception allemande. Développée à l’origine pour l’élevage intensif de carpes en eau douce, il s’agissait de faire fonctionner cette unité en eau de mer pour y élever des truites. Les premières tâches ont consisté à assurer d’abord la maîtrise d’œuvre des travaux de construction du bâtiment à partir d’un terrain vierge situé en amont du vallon du Carpont puis la logistique nécessaire pour rendre le système opérationnel (alimentation en eau et électricité, surveillance et maintenance …).
La gestion proprement de l’unité impliquait quant à elle un suivi rigoureux d’une batterie de paramètres physico-chimiques et bactériologiques du milieu d’élevage, des facteurs de croissance et critères de la qualité sanitaire des truites de mer, tout en cherchant à optimiser le bilan technico-économique de cette petite usine de traitement et de production.
Salut Jacques !
Je lis avec un décalage digne de l’agenda d’un retraité l’histoire de ta découverte du Cnexo via les débuts de la pisciculture marine. Voilà encore un tranche d’histoire !
Te savoir Lorrain me fait plaisir, car mon arrière grand-père né à Lunéville en 1845 et qui n’avait jamais vu la mer s’est engagé dans la marine, est venu à Brest faire l’Ecole Navale. Si le Cnexo avait existé, peut-être aurait-il changé de stage !