Sur les échanges commerciaux entre la Bretagne et Cadix aux 17 et 18 ème siècles,
par Fañch Roudaut, professeur d’histoire moderne à l’UBO en retraite.
Organisée par l’Association Brest Jumelages, elle s’inscrivait dans le cadre de la Résidence-Exposition sur Cadix de C. Chaves et C Marchalot prévue du 15 juin au 31 août 2023. Une quarantaine de personnes ont assisté à cette conférence
Après une brève introduction de Claude Marchalot, Fañch Roudaut a re-situé dans l’histoire de Cadix et de l’Espagne l’épopée assez étonnante des « marchands de Saint Malo » qui, aux 17ème et 18ème siècles, ont contribué aux débouchés d’un écosystème économique basé autour de, la production de toiles de qualité, d’une très grande finesse obtenues à partir d’un lin cultivé en Trégor et Goelo pour être filé et tissé à Quintin, Uzel, Moncontour et Loudéac. Le négoce de ces toiles passe par les malouins très présents à Cadix et dont le réseau commercial s’avère très efficace. Pour ce faire, leur progéniture est souvent mise à contribution et formée à bonne école puisque dès l’âge de 15-16 ans, l’éducation des enfants se fait via des stages dans les maisons de négoce.
Et le commerce avec Cadix bat son plein avec dans un sens, l’exportation de produits de luxe – toiles de lin, dentelles en or… – destinés aux riches colons et dans l’autre, c’est l’argent des mines du Pérou, de l’huile, du Jerez, des agrumes et différents produits coloniaux qui arrivent en Europe. Grâce à l’implantation de la « Casa de contractation » à Cadix, dont Isabelle de Castille est l’instigatrice et qui est chargée de superviser le commerce avec les colonies, la cité va vivre un âge d’or et devenir la ville d’Espagne la plus peuplée (130 000 habitants en 1588) . La ville se remettra de sa mise à sac par les anglais (1596) mais la peste (1778), la liberté du commerce et la surtaxe des « Bretagnes » (nom donné à ces toiles de luxe réputées) à la demande de Frédéric II de Prusse pour protéger ses « silésiennes » – des toiles concurrentes de qualité moindre – portent à la fois un coup au port de Cadix et au commerce des « Bretagnes ».
Cet exposé a été complété par l’intervention de Madame Andrée Le Gall-Sanquer, coprésidente de l’association « Lin et chanvre en Bretagne » qui a retracé l’histoire du déclin du lin. Malgré les efforts des négociants qui se sont regroupés ( avec la création de la sté linière du Finistère en 1845) la production s’arrêtera définitivement en 1980. Mais aujourd’hui la culture du lin est repartie, d’abord en Normandie et aujourd’hui à Commana avec un groupe d’agriculteurs motivés : on passe cette année de 100 hectares à 540 hectares cultivés tandis qu’un projet de filature industrielle cherche à se monter dans la région.
Vue de la Torre Tavira – huile
On compte environ 130 tours à Cadix, symboles de sa richesse pendant l’âge d’or de la ville. C’étaient aussi des vigies du trafic maritime.
Les registres de la plus fameuse, la Torre Tavira enregistraient les mouvements des navires et on y trouve trace de ce commerce avec Brest, Morlaix et surtout Saint Malo.