Je vais raconter l’histoire des requins-baleines qui fréquentaient le golfe de Guinée en 1981.
C’était par un temps calme, et une mer belle à plate. Nous tournons autour d’un requin-baleine, gros bestiau de la longueur (et même plus long) que le skiff *.
A cette époque là, le capitaine avait déjà la conscience que les requins-baleines étaient précieux car autour d’eux se faisait une bonne partie de la pêche au thon, les requins-baleines ayant la capacité de concentrer les thons au dessous d’eux. J’étais à bord en temps qu’observateur, chargé entre autre de mesurer les thons, de prendre des mesures diverses tel que disque de Secchi, relevé des captures, etc.
La manœuvre étant faite, le skiff se range le long de la lisse à bâbord, avec le requin-baleine, les thons au dessous. Quand le capitaine le décide, la manœuvre se fait d’enrouler la senne, il faut que l’équipage soit casqué car les thons se mêlent et tombent de trois ou quatre mètres de haut !
Quant au requin-baleine, le capitaine me dit « avant on lui mettait un croc dans l’œil et on le remorquait hors de la senne, mais ménant (il était de Concarneau) on ne fait plus ça »… car on a bien compris que la survie des requins-baleines est nécessaire à la pêche au thon ! Désormais le requin-baleine est libéré hors de la senne sans croc dans l’œil mais largué dans l’océan, ce qui assure sans doute sa survie…
J’ai passé 40 jours à la pêche aux thons de diverses espèces, Thunnus albacares, Thunnus obesus, Katsuwonus pelamis. Plus des requins-marteaux, des tortues et des poissons divers alimentant le marché noir d’Abidjan !
* Le skiff : annexe du senneur équipé d’un gros moteur et qu’on largue avant de tourner autour du banc de thon et boucler la senne en récupérant le skiff qui vient se ranger le long du bord.
Loïc Antoine
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