Voici un petit pan de l’histoire de notre Institut rencontré au hasard des pérégrinations de Jacques Denis cet été en baie de Somme. Voici ses observations :
Au bout de la digue Alfred Manessier (qui, au passage, a peint une belle série de galets…) au Crotoy, je suis tombé sur d’anciennes constructions en béton plutôt délabrées ainsi que de vagues bassins envahis par la végétation. Intrigué par ces vestiges en un tel endroit à proximité de l’immense zone de marnage, un panneau explicatif encore en place a pu heureusement répondre à mes interrogations.
« En 1968, un constat s’impose : la baie de Somme est polluée.
La zone maritime est alors classée en zone insalubre, interdisant la commercialisation directe des coquillages de la baie et imposant aux pêcheurs à pied et mareyeurs-expéditeurs l’épuration de leur production.
Les techniciens de l’Institut Scientifique et Technique de Pêches Maritimes (ISTPM) optent alors pour un traitement des coquillages par l’eau de mer décantée, filtrée et stérilisée.
La station de purification des coques est construite en 1970. La création d’un tel outil relevait à l’époque du stade expérimental.
La station fut financée par le Conseil général de la Somme et par l’emprunt contracté par la Chambre de Commerce et de l’Industrie d’Abbeville qui assurait la maîtrise d’ouvrage.
On voit M. le préfet Wiltzer sortir un des paniers de hénons soumis au traitement. Celui-ci consiste à laisser dégorger pendant 48 heures dans l’eau de mer stérilisée à l’ozone. La station possède une capacité de traitement de 20 tonnes par jour. Son coût total est de 2 000 000 de francs lourds. Elle doit permettre à quelques 300 familles de pêcheurs à pied du Crotoy de pratiquer leur activité régulièrement sans crainte d’interdiction liée à la pollution des eaux de la baie.
… quelques chiffres
Jusqu’à cette époque, le ramassage se faisait 7/7 jours. Les hénoniers* n’étaient pas soumis à un quota, ils répondaient à la demande de produits frais.
Les coques étaient alors dirigées vers Rungis et Boulogne sur Mer pour être expédiées dans toute la France.
Ce site de 7 000 km2 fut abandonné en 1993 pour des problèmes d’alimentation en eau, de dégradation des bâtiments et d’évolution des normes sanitaires. »
Oiseaux se nourrissant sur la slikke
* Hénoniers : pêcheurs de coques Cerastoderma edule. Vient de « hénon », appellation régionale de ce coquillage à Boulogne, St Valéry sur Somme, Dieppe, in « Les Fruits de la mer et plantes marines des pêches françaises », de Jean-Claude Quéro et Jean-Jacques Vayne. Publication Ifremer chez Delachaux et Niestlé.