Dans la série « les repas sur les bateaux CNEXO/Ifremer », voici quelques vieux menus du Charcot :
Les repas gastronomiques par gros temps, CAMPAGNE MEDOC 1973 sur le JEAN CHARCOT
(1er février Brest 1973 – 10 mars 1973 Toulon 1973)
La série de campagnes Médoc, menées par le laboratoire d’océanographie physique du Muséum, laboratoire associé CNEXO, consistait en l’étude des plongées d’eaux profondes dans le Golfe du Lion en hiver sous l’effet des coups de vents de Mistral et de Tramontane.
Autant dire qu’à cette saison, la météo n’invitait pas au bronzing sur la plage avant. Le mal de mer était à l’ordre du jour et il y avait souvent des places libres au carré. Les violons (NDR: plateau amovible fixé sur la table des carrés des navires, percé de trous correspondant aux emplacements pour poser plats, assiettes et verres, afin que ceux-ci soient maintenus à leur place en dépit du roulis) étaient à poste et les sièges attachés pendant toute la campagne. Malgré tout, le personnel de la cuisine et les maîtres d’hôtel se faisaient forts d’assurer leur travail comme si de rien n’était.
Les quelques menus que voici témoignent de cette qualité :
On remarquera que les produits bretons sont à l’honneur les premiers jours au départ de Brest : huîtres, langoustines, moules, bigorneaux, coquille, artichauts. Yaourts et petits suisses ne dépassent pas les premiers jours.
On notera que seuls les menus des dimanches ont l’image du Jean Charcot en filigrane. Economie, économie.
Les menus servaient aussi de bulletin de petites annonces (tabac alcool, cinéma, pots). Une semaine avant la fin, nous avions eu droit à une séance cinéma qui se déroulait dans la salle de conférence (salon avant) où tout bougeait plus qu’ailleurs, y compris l’écran que nous devions suivre des yeux au risque d’être encore plus barbouillés (au bout d’un mois, on n’était plus « malade » mais seulement « barbouillé »).
Et la campagne se termine à Toulon. Nous nous précipitons sur les restaurants pour manger dans des assiettes qui ne bougent pas mais c’est le mal de terre qui fait bousculer nos verres. Les menus sont alléchants mais sont loin derrière ceux du Charcot.
Annick Vangriesheim
On en a le mal de mer rien qu’à imaginer les artichauts à l’huile et la salle de cinéma bien remuée à l’avant !