Luc nous raconte un souvenir qui refait surface dix ans après le naufrage du TK Bremen dont les journaux bretons ont parlé cette semaine :
« Ce 15 décembre 2011, nous revenions d’une réunion au Siège d’Issy-Les-Moulineaux, Jean-Claude Cochard et moi, réunion dont l’objet m’échappe, mais c’était forcément important !
Par contre, je me souviens de l’annonce du commandant de bord au moment du décollage de notre avion de retour : « Nous allons essayer de nous poser à Guipavas ». Étonnement général de tous les passagers et nombreux sourires…
L’avion décolle enfin d’Orly. Le vol, normal au départ, présente de plus en plus de turbulences au fur et à mesure que notre ouest approche. Alors que, arrivés quasiment à la verticale de Brest, nous sommes de plus en plus secoués, le commandant nous annonce « impossibilité d’atterrir à Guipavas, l’aéroport est fermé, comme tous ceux de la région. Nous retournons à Orly ! ». Inutile de contester.
La suite est classique : atterrissage à Orly vers 23h00, prise en charge par Air-France et proposition d’autres vols-retours vers Brest pour le lendemain. Nous avons le choix entre le vol de 6h (avec prise en charge à l’hôtel vers 3h du matin) et celui de 9h (autocar vers 6h). Nous optons pour le second ! Puis, transportés vers l’hôtel du côté de Denfert-Rochereau, nous y arrivons vers 1h du matin.
Vendredi 16 décembre, 5h du matin, nous nous retrouvons au petit déjeuner à l’hôtel. Michel Girin (directeur du CEDRE) se met à notre table. La télé est allumée. Sur la chaîne d’infos en continu, la nouvelle qui tourne en boucle porte sur la tempête et l’échouement d’un cargo sur une plage du Morbihan. La formule « marée noire » est déjà abondamment utilisée par les journalistes.
Et nous voilà tous les 3, entre café, croissants chauds et pain grillé, à nous remémorer la marche à suivre en face d’un tel événement : quelles réponses apporter à l’état face aux sollicitations d’interventions qui allaient être inévitablement formulées. Michel est là à point nommé.
Puis, nous prenons le bus vers Orly.
Vers 8h15, alors que nous sommes en salle d’embarquement, appel téléphonique d’Anne Grouhel, responsable du LER/MPL (bi-localisé à Nantes et à La Trinité-sur-Mer). Elle nous informe d’une demande expresse de la préfecture du Morbihan pour faire des prélèvements, participer à des réunions, etc.
Évidemment, nous ne perdons pas de temps à lui raconter nos discussions du petit déjeuner, mais nous lui donnons aussitôt, « avec beaucoup d’assurance », la marche à suivre, les règles à respecter, des informations précises et carrées. La communication à peine achevée, Anne rappelle son interlocuteur de la préfecture-56, démontrant une fois de plus la réactivité très professionnelle de l’Ifremer et de ses stations côtières.
… C’est ainsi que le jour même, dès ce vendredi 16 décembre, nos collègues du Morbihan sont allés sur le terrain, avec méthode et efficacité, accompagnés d’agents assermentés de l’état pour officialiser et valider les prélèvements et observations. Les interventions de nos collègues ont duré plusieurs semaines.
N’oublions pas le concours de collègues d’autres implantations, comme celui, entre autres, de Daniel Masson (LER/PC) sur la problématique des eaux de ballast que ce vieux cargo contenait.
Avec le recul, je retiens les effets imprévus d’une tempête, perturbant notre déplacement à Issy et nous menant à partager un petit déjeuner de travail à Denfert qui a permis de répondre parfaitement aux questions de notre collègue pressée par la préfecture. Le hasard !
Souvenirs d’une « bonne » époque où nous étions au front ! … Nous avions appuyé sur le bouton « action » sans demander son avis au PDG de l’époque, un certain JYP !
Par Luc Drévès »
Pour les détails concernant le naufrage du TK Bremen, se reporter à l’article de Ouest-France du 16 décembre 2021 : « Naufrage du TK Bremen en 2011 : les dates clés de l’accident qui a secoué le Morbihan »…
et/ou consulter le bon article de Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/TK_Bremen
Pour les travaux d’Ifremer, voir le poster de Jean-Pierre Allenou :
https://archimer.ifremer.fr/doc/00149/26017/24116.pdf
1) Ce n’est pas un échouage d’un vieux cargo qui allait nous empêcher de prendre notre petit déjeuner, bien mérité, d’autant plus que la nuit avait été hyper courte.
2) Même la bouche pleine de pain-beurre-confiture, les explications de Michel Girin ont bien été comprises par ses 2 compères. Il est vrai que nous avions tous les 3 connus l’Amoco et ses suites.
3) Nous n’avons pas eu besoin de programmer une réunion de crise pour définir ce que nous pourrions éventuellement faire.
4) Clin d’œil amical à feu Michel.
Fort intéressant !