Conférence ARIB du 4 mai 2023 – Luc Drévès, Jean-Claude Caprais, Joëlle Galéron

Double présentation « Marins sans Frontières » et l’impact du BREXIT sur la pêche

 

C’est devant environ 25 participants qu’a eu lieu jeudi 4 Mai au Centre social de Plouzané», une double présentation : l’association « Marins sans Frontières « par Daniel Guével et Vincent Mariette et une conférence « Les impacts du Brexit sur le secteur de la pêche de l’Union Européenne » par Benoît Caillart.

L’association « Marins sans frontières » (MaSF)

Cette présentation était effectuée par Daniel Guével et Vincent Mariette, respectivement trésorier et administrateur de cette petite association de solidarité internationale fondée en 1984 dont le siège social est à Brest. Le président de cette association est Gérard d’Aboville, plus d’info sur leur site (https://marins-sans-frontieres.org/),
L’association s’efforce d’améliorer par les moyens maritimes et fluviaux dont elle dispose les conditions de vie et de santé des populations concernées en facilitant les échanges humains, économiques et techniques.
Daniel et Vincent nous ont présenté leur association qui a un triple objectif : Soigner, Secourir, Désenclaver. L’association s’efforce, chaque fois que c’est possible, de travailler avec des partenaires locaux
Les deux premiers objectifs (Soigner, Secourir) s’exercent sur 4 zones géographiques : Sénégal, Madagascar, Cambodge et Tunisie, ci dessous quelques exemples d’action sur les zones concernées.

Sénégal

Sur le fleuve Casamance, le bateau de MaSF « le Kassoumaye « est utilisé par l’ association ANIMA de Nyons, qui le gère et, à longueur d’ année, par la Santé Sénégalaise avec trois sages femmes, qui dotées d’ un échographe visitent les femmes enceintes des villages situés dans les îles de Basse Casamance accompagnées d’un dentiste.
Le « Kassoumaye » est également mis à la disposition d’ associations pour le transport de leurs Personnels et des matériels nécessaires aux travaux qu’ elles assurent. C’ est le cas d’ APPEL de Nîmes qui rénove des bâtiments d’écoles et des infirmeries et d’ELECTRICIENS SANS FRONTIERES qui interviennent pour l’ électrification des îles de Basse Casamance.

Tunisie

A Mahdia, ville côtière et port de pêche de 60.000 habitants située à 200 kms au sud de Tunis, un conteneur a été envoyé depuis Nantes en février 2020 à l’ hôpital de le ville avec tout un lot de lits médicalisés et de chaises roulantes ainsi qu’ une radio panoramique.
En complément des actions menées au titre de la santé et de la sécurité MaSF a équipé l’école de voile de DARGHOUT, dans sa banlieue, de 9 voiliers, essentiellement des «Lasers» et des « Optimists».

Madagascar

MaSF et son partenaire, l’association SIDE, ont construit à Tanambao à 60 kms au sud de Toamasina un Centre de santé de base ainsi qu’ un logement pour l’ infirmière qui en a la charge. Ce centre équipé par les soins de MaSF a fait l’ objet en janvier 2017 de l’ envoi depuis Nantes d’un container rempli de matériel médical dont un cabinet dentaire ainsi que de mobilier scolaire destiné à l’ école du village. Aujourd’hui il est passé sous le contrôle des services de la Santé Publique Malgache qui a la charge de l’ Infirmière qui en assure le fonctionnement.
MaSF a également fourni à 4 villages isolés situés à 60 kms au sud de Toamasina de dix pirogues monoxyles en bois de 7m50 équipées de filets de pêche, de glacières pour la conservation du poisson, de gilets de sauvetage pour faciliter la pêche dans les eaux du canal. La partie de la pêche qui n’ est pas consommée sur place est vendue au grand marché de Toamasina et permet l’ achat au prix de gros des produits de première nécessité destinés à la population de ces villages.

Cambodge

Pour palier à l’absence d’ hôpital de proximité, MaSFa financé la construction de 4 bateaux ambulance motorisés. Ces embarcations rapides et sûres permettent d’ assurer les évacuations sanitaires et, aux malades qui le souhaitent, de se rendre à l’ hôpital le plus proche pour consulter ou se faire soigner. C’est le cas notamment des femmes enceintes qui peuvent ainsi aller plus facilement et en toute sécurité à l’ hôpital pour accoucher.
Entre 2015 et 2020 ,MaSF a construit 13 navettes scolaires motorisées pour permettre à de nombreux enfants déscolarisés du fait de l’ isolement de leurs villages et de l’ insécurité liée aux moyens de transport de retrouver le chemin de l’ école. Ce sont 275 enfants qui sont transportés tous les jours par les bateaux de l’ association.

Désenclaver

Dans cette mission, l’action de MaSF se situe essentiellement sur l’île de Madagascar :
Avec 7.200 kms de côtes Madagascar ne disposait jusqu’en 2013 d’ aucun moyen de sauvetage en mer spécifique alors que, dans cette grande île de 600.000 km2 , vit une très nombreuse population côtière et, parmi elle, de nombreux pécheurs qui pratiquent leur activité dans de petites pirogues taillées dans des troncs d’ arbre qui n’ offrent aucune sécurité. A cela il faut ajouter les boutres qui assurent le ravitaillement de la grande île et des nombreuses îles environnantes. Auparavant, lorsqu’ un accident était signalé, il fallait le plus souvent des heures entières pour trouver une embarcation de secours qui soit immédiatement disponible et qui ne disposait d’ aucun moyen de recherche, elle arrivait souvent trop tard sur les lieux du naufrage.pour remédier à cette situation MaSF s’ est fixé l’ objectif de doter à terme Madagascar de huit vedettes de sauvetage qui seraient réparties sur les principaux sites de l’ île: Antsiranana- Nosy be- Mahajanga- Morondava- Toliara- Toalagnaro- Sainte Marie- Vohemar ou Mananara.
Ces vedettes qui sont munies de tous les instruments de navigation et de recherche sont rachetées à la SNSM qui les a remplacées en France, avant leur expédition sur Madagascar elles font l’objet d’une révision complète et d’une peinture aux couleurs de l’association.

Cette présentation d’environ 45 mn a été suivie de nombreuses questions, tournant notamment sur de nouvelles actions ainsi que des relations avec d’autres associations humanitaires plus importantes.

 « Les impacts du brexit sur le secteur de la pêche de l’Union Européenne »

par Benoit Caillart

Diplômé ENSA Rennes (1984) et ENSAR Rennes (1988). Expert halieutique à la Commission du Pacifique sud (1988-1990), puis à Cofrepêche (1990-1999). Directeur d’Oceanic Développement (1999-2014). Directeur associé chez F&S Fisheries / Maritime Affairs (2014-en cours)

Benoit CAILLART a rappelé brièvement l’historique du Brexit, commençant par le référendum UK de 2016 votant la sortie de l’UE à 52 %, menant au retrait effectif au 31 janvier 2020, à la signature le 30 décembre 2021 de l’Accord de Coopération et de Commerce (ACC) incluant les dispositions sur la pêche et le commerce des produits de la pêche, et la création du Comité Spécial pour la Pêche.

Il nous présente les enjeux pour la France : La pêche dans la ZEE UK représentait 25 % des captures en poids et 18 % en valeur des captures nationales (2018). Elle concernait 440 navires employant 2 500 pêcheurs normands et bretons. L’ACC a rendu caduque l’accord de la Baie de Granville (250 navires de petite pêche), et prévoit une rétrocession progressive de 15 % des quotas attribués à la France dans les eaux UK. La France est le pays le plus impacté avec les Pays-Bas et l’Irlande.

Le processus d’adaptation conduit la France a créé 4 régimes d’autorisations de pêche : ZEE UK, 6/12 milles UK, 6/12 milles Jersey, 6/12 milles Guernesey. Si les autorisations de pêche pour la ZEE UK sont accordées sans problème majeur, des difficultés existent pour les 3 zones 6/12 milles, liées au fait que les navires concernés sont des moins de 12 m (démonstration des antériorités, définition du navire de remplacement).

L’adaptation des quotas est moins problématique : les variations sont plus à mettre en rapport avec les avis scientifiques qui annulent (lingue), atténuent (baudroie) ou amplifient (raies) le % de rétrocession. Deux régimes d’aides sont mis en œuvre rapidement : 1) arrêt temporaire pour les difficultés d’accès après l’entrée en vigueur du TCA ; 2) indemnisation des pertes de chiffre d’affaires

Un plan de sortie de flotte est adopté fin 2022 : 90 navires retenus dont 45 bretons, 34 en liste d’attente.

Un changement de gouvernance est mis en place pour les négociations annuelles des quotas concernant les eaux britanniques : le cercle de négociation est restreint à la Commission européenne et au gouvernement UK au sein du Comité Spécial. Pas d’interactions possibles comme avec le Conseil européen. Le Royaume-Uni est souverain pour imposer des mesures techniques dans ses eaux : exemple du panneau 100 mm maille carrée obligatoire en Mer Celtique imposé en 2021. Il crée de nouvelles aires marines hautement protégées, dont une frontalière avec la ZEE de la France (509 km², fréquentée par ≈ 100 navires).

Du côté du Royaume-Uni, l’augmentation des possibilités de pêche promise ne se matérialise pas : 10 % d’augmentation des captures entre 2019 et 2022, concentrés sur quelques espèces de petits pélagiques. De manière générale, la flotte UK n’a pas les capacités d’exploiter ses quotas (ex. 45 % d’utilisation des quotas en zone VII en 2022). Enfin, les difficultés d’accès au marché UE (règles non-tarifaires) se traduisent par une diminution des exportations.

Epilogue :

Un accord perdant-perdant qui va impacter durablement

la filière pêche française dans un contexte difficile …

 

 

A l’issue de ces présentations, le traditionnel PPVR a permis d’échanger avec les intervenants et l’auditoire présent.

 

 

 

 

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