L’intelligence des poissons

Labre nettoyeur -

Par Matthias Kleine (selbst fotographiert), CC BY-SA 3.0

« The Conversation » propose un article concernant l’intelligence des poissons en décrivant le test du miroir testé sur le labre nettoyeur, Labroides dimidiatus.

Les poissons ne sont pas si bêtes

Ce test, dit de Gallup, est intéressant, mais personnellement j’aurais intitulé l’article : « Certains poissons ne sont pas si bêtes ! » car le test, que ce site dit récent, a été effectué le 7 février 2019 sur une espèce de poisson. Il n’est pas dit que tous les poissons pourraient le réussir. Image Labroides dimidiatus – Wikipedia

Toutefois de nombreuses autres observations permettent de réaliser que les poissons ont une certaine forme d’intelligence :

– Le comportement des poissons dits électriques est intéressant à analyser. Il est différent selon l’espèce considérée, le poisson-éléphant ( Gnathonemus petersii ) étant l’un des plus étudiés : Wikipedia – les poissons électriques

– Des chercheurs de l’université de Pavie ont étudié l’utilisation du nombre par les poissons femelles de l’espèce Gambusia holbrooki (Eastern mosquitofish – poisson insectivore). Par expérimentations successives permettant de supprimer les autres possibilités de discrimination, ils ont pu montrer la capacité à distinguer de petites quantités d’objets (deux contre trois).

– Un article de sciences et avenir de 2016 montre que les poissons peuvent apprendre, et retenir des informations concernant leur environnement. 
Adaptation cognitive et expérimentale des poissons
Y voir notamment les deux petites vidéos sur les labres casseurs de palourdes et les poissons archers (toxotes). Ces derniers envoient un jet d’eau pour capturer un insecte situé hors de l’eau en le faisant tomber de son perchoir.

– Un livre sur l’intelligence animale, paru en 2017, préfacé par Yves Coppens, développe l’idée que l’intelligence est une fonction adaptative partagée par tous les animaux. L’intelligence animale – cervelle d’oiseaux et mémoires d’éléphants, aux éditions Odile Jacob.

Les travaux de son auteure, Emmanuelle Pouydebat, chercheuse biologiste au CNRS et au MNHN, portent sur l’évolution des comportements  et notamment sur les capacités de manipulation et d’adaptation d’outils, en considérant que ceux-ci ne se limitent pas aux objets manipulés par les mains ou les pieds. Dans l’exemple précédent (Sciences et Avenir), sur les poissons archers, on peut considérer le jet d’eau comme un outil de capture. E. Pouydebat mentionne également que les poissons-globes, balistes et raies utilisent le jet d’eau pour localiser et capturer des proies *. De façon analogue, les gouramis utilisent les jets d’eau pour placer et récupérer les œufs à la surface de l’eau. D’autres poissons, notamment certains cichlidés pondent leurs œufs sur les éléments flottants (feuille détachée ou autres détritus) pouvant être déplacés en cas de danger ***.

E. Pouydebat parle également des comportements sociaux et de l’intelligence collective observée dans le comportement des bancs de poissons face à un prédateur.

Il reste encore beaucoup à apprendre sur les poissons. Mais n’oublions pas de tenir compte de leur capacité de souffrir lors des expérimentations. C’est le sujet des dernières actualités de l’Ifremer qui vient de signer la charte sur l’expérimentation animale – voir :
Charte sur l’expérimentation animale

* Shuster S., Rossel S.Schmidtmann A., « Archerfish learn to compensatefor complex optical distortions to determine the absolute size of their aerial prey. Curr. Biol. 2004, 14, p 1565-1568.

** Miller and Jearld : Behavior and phylogeny of fishes of the genus Colisa and the family Belontidae  » Behaviour, 1982, 83, p. 155-185.

*** Keenleyside M.H.A. « Diversity and adaptation in fish behavior, Springer 1979

 

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