Jacques Denis nous propose des photos prises sur le « sentier des ocres » près de Rousillon dans le Luberon* et en explique l’origine **.
Il y a 110 millions d’années, la Provence était recouverte par la mer. Des sables marins, verts, se déposent pour combler ces espaces peu profonds. Ils contiennent de nombreux minéraux, outre du quartz et du calcaire, surtout une argile riche en fer, la glauconie***.
Et voilà que 10 millions d’années plus tard, la mer se retire sous l’effet d’un mouvement tectonique général d’approfondissement de la Provence. De nouvelles terres émergent et les sables verts se retrouvent à l’air libre. Soumis à un climat chaud et humide, ainsi qu’à des pluies diluviennes, le sol sableux est lessivé et la glauconie se dissout.
Progressivement, les grès verts sont transformés en grès ocreux de couleur jaune à orangé et parfois rouge, suivant la concentration de la glauconie en oxydes de fer et la chaleur.
Plus récemment, jusqu’à 10 millions d’années, l’altération se poursuit avec l’épaississement des sables ocreux et la formation en surface d’une cuirasse ferrugineuse chapeautant un horizon blanchi.
On compte cinq occurrences visibles de massifs ocreux dans le Lubéron. Ils ont fait l’objet d’une exploitation intense aux XIX et XXème siècles pour les riches pigments qu’ils contiennent, en carrières à ciel ouvert ou mines souterraines.
Aujourd’hui , ces sites ravissent les nombreux visiteurs, notamment à Roussillon et Lustrel, en des lieux surnommés en toute modestie « le Colorado provençal », voire le « petit Colorado français.
Avis aux amateurs de merveilles de la nature !
* Peut s’écrire Lubéron selon votre envie
** Sources : panneaux pédagogiques qui jalonnent le sentier et plaquettes à l’entrée du site, complétées au gré de la navigation sur le net.
*** Glauconie vient du grec γλαυκός vert pâle ou bleu-vert.