Partie 3 de 3 – Par Jacques et Patricia Denis
Cette dernière partie aborde le point de vue du camping-cariste sur un plan plus pratique. En effet, dans notre association (rappel « CCRSM »), les échanges d’informations de ce type (au-delà des infos touristiques), sont très prisées des équipages car très utiles pour répondre à des situations vécues ou à des questions à caractère plus technique et logistique.
Les considérations abordées ici peuvent également intéresser les équipages de voiliers, le parallèle étant souvent fait entre un bateau et un camping-car (check-lists…).
Beaucoup de retraités recourent à ces modes de déplacement et de vie aussi, nous espérons que ces aspects trouveront un écho attentif de la part de certains membres de l’ARIB…
Accès à l’archipel : un ferry de la Acciona-Trasmediterranea assure une liaison hebdomadaire et dessert toutes les îles sauf El Hierro. Il relie Cadiz à Lanzarote en 33h. Nous avons fait le choix de rentrer de La Palma (3 nuits et 3 jours du fait d’escales sur chacune des autres îles). Il existe également une autre compagnie qui relie l’archipel à Huelva, plus proche de la frontière portugaise.
Liaisons au sein de l’archipel : deux compagnies Fred Olson et Armas se partagent le trafic inter îles selon des fréquences qui permettent de se présenter sans réservation et d’embarquer rapidement. Nous avons négocié un « pass » pour cinq îles (de Fuerteventura à La Palma) à un prix intéressant.
Réseau routier : il est excellent. Quelques tronçons d’autoroutes existent (gratuits) à proximité des zones urbaines et touristiques. Mais du fait de la topographie particulièrement marquée des îles, la plupart des routes sont étroites, particulièrement pentues et sinueuses.
Points de bivouac : les terrains de camping n’existant pas, le bivouac est libre, mais le camping sauvage est en principe interdit. Il y a possibilité de passer la nuit sur les nombreux parkings gratuits à proximité des agglomérations (sauf parfois pour les plus grandes villes). Ou mieux, les endroits naturels et sauvages qui sont légion, tant à la côte qu’à l’intérieur sont préférentiellement recherchés.
Eau : il n’existe pas de fontaines. Lanzarote et Fuerteventura sont des îles particulièrement sèches, les autres moins. On peut toujours faire le plein d’eau dans les toilettes publiques ou dans les ports. Les plages sont souvent équipées de douches et de rince-pieds où on peut facilement s’approvisionner. Il existe aussi dspossibilités dans les stations service, parfois payante.
Lavage du linge : nous n’avons pas trouvé de laveries ; s’il en existe, on ne sait pas où elles se trouvent…
Le carburant : les stations service sont très nombreuses, et le carburant bon marché (gazoil aux environs d’un euro début 2019 !).
Le gaz : tout un poème !
Nous avons connu quelques difficultés pour nous réapprovisionner. Il existe des stations DISA (marque locale) de remplissage des bouteilles. C’est très pratique sauf que l’âge des bouteilles de 13 kg est rigoureusement contrôlé. Elles sont considérées comme périmées au-delà de 10 ans, il faut le savoir. Ce fut notre cas, donc, pas de remplissage !
La solution est d’acheter une bouteille sur place dont l’embout est spécifique à la marque et aux Canaries, différente aussi des bouteilles espagnoles (sorte de « clip »). Il a fallu alors trouver (non sans mal) l’adaptateur qui dispose d’une sortie à vis qui permette la connexion avec les installations à bord de nos véhicules. Nous avons miraculeusement trouvé cette petite pièce chez un loueur de Camping-Cars !
Remarque : il existe localement des bouteilles de 13 kg à embout à vis comme les nôtres mais leur achat relève d’un véritable parcours du combattant administratif pour pouvoir établir le contrat. C’est très dissuasif. A noter, enfin, qu’il a été possible de remplir sans problème ni discussion nos 2 bouteilles de 13 kg en Espagne à Ayamonte, à la frontière avec le Portugal.
En résumé :
Les Canaries sont une super belle destination à recommander sans hésitation en toute saison car le climat y est en permanence printanier. D’une grande diversité, nous avons savouré la spécificité de chaque île.
Qui plus est, en camping-car ! Ils sont encore relativement peu nombreux (quelques rares Français rencontrés) mais une tendance à l’augmentation s’observe depuis 2 ans. Du coup, ils sont très bien acceptés et accueillis. La location commence également à se développer sur les principales îles.
Ce voyage nous a véritablement enchantés.
Les centres d’intérêt ne manquent pas autour de la nature et la géologie, la culture et l’histoire, etc. Chaque île possède des espaces naturels remarquables généralement protégés (parcs naturels, nationaux, ruraux). Il existe de nombreux centres d’information ou pédagogiques, et des musées très bien faits (explications uniquement en espagnol, anglais ou allemand). Le réseau des sentiers de randonnées est très développé, le balisage y est très bon, tout comme les aménagements bien sécurisés (attention au relief !) et l’entretien toujours assuré. Le réseau de transports publics est également très dense et le moindre petit village est systématiquement desservi (d’où la rencontre toujours possible de cars sur les plus petites routes, attention aux manœuvres dans les lacets…). Il n’est pas difficile de se faire comprendre même pour quelqu’un qui ne parle pas l’espagnol.
Et pour conclure en donnant notre avis sur ces îles en quelques traits : dépaysement total et forte personnalité de chaque île, paysages renversants et laves à vif, sentiers de randonnée à gogo et la force de l’océan partout… Un régal lorsque l’on est passionné de volcanisme et de nature sauvage, de patrimoine et d’histoire (Christophe Colomb y faisait systématiquement escale avant de partir pour ses expéditions vers les Indes…) !
Bref, 45 jours de découvertes extrêmement enrichissantes. Nous ne résisterons sans doute pas un jour au plaisir d’y retourner, et de découvrir El Hierro que nous n’avons pas pu inclure dans ce périple.